Types de pêche
On distinguait deux types de pêche à la morue Terre-Neuve :
La pêche à la morue verte dite aussi pêche errante :
Elle se pratiquait au large sur les bancs. Les navires partaient pour une saison de pêche de 6 à 7 mois avec des équipages de 20 à 30 hommes.
La technique de pêche évolua au fil du temps. Au début, les pécheurs tiraient des lignes le long du pont du navire, puis au début du XVIII siècle, ils tendirent des lignes à partir de chaloupes, remplacées vers 1873 par des doris, bateaux à fond plat plus manœuvrables et plus facilement empilables sur le pont.
Une fois le bateau arrivé sur les bancs, les doris étaient mis à la mer avec deux hommes d'équipage et pêchaient toute la journée à la ligne dérivante.
Une fois le produit de la pêche remonté à bord du terre-neuvier, le traitement de la morue était organisé et rapide, chaque tâche étant répartie : les « piqueurs » vidaient, « les décolleurs » lui coupaient la tête et les « trancheurs » fendaient la morue en deux et lui enlevaient l'arête dorsale. Les mousses lavaient et nettoyaient la morue qui était ensuite jeté en cale où les saleurs la salaient et l'empilaient.
Le métier de terre-neuva était un métier très éprouvant pour les hommes, travaillant à découvert sur le pont dans des conditions météo très difficiles, dans le froid et l'humidité. La mortalité et les pertes de navires étaient importantes en raison d'accidents à bord, de tempêtes, de rencontres avec des icebergs ou des pertes de doris dans la brume, ...
Progressivement, la pêche évolua vers la pêche au chalut avec le remplacement des voiliers par des chalutiers à moteur. Le dernier voilier terre-neuvier, le René Guillon, s'arrêta en 1951. Le début des années 1960 vit l'arrivée des bateaux-usines avec une mécanisation de la préparation du poisson en cale.
La pêche à la morue sèche :
Elle se pratiquait le long des côtes de Terre-Neuve à l'abri des vents et des courants.
Les navires partaient d'Europe avec une centaine d'hommes, et mouillaient dans un havre de la côte de Terre-Neuve.
Les marins construisaient à terre des installations sommaires pour stocker et préparer le poisson mais également y vivre. Ils partaient ensuite à la pêche en chaloupe et au filet, le poisson ramené a terre chaque soir était préparé, salé et laissé sécher à l'air sur les grèves d'où son nom.
Séché ainsi, le poisson pouvait se conserver beaucoup plus longtemps et donc une fois de retour en France, être exporté, principalement vers le bassin méditerranéen. Cette pêche était également moins éprouvante pour les hommes qui vivaient à terre entre les journées de pêche.
Source : Lionel Martin, La Fantastique épopée des Terre-Neuvas